Plus l’effondrement frappera fort, plus la joie sera nécessaire.
Ne vois pas dans ces mots, un Don’t look up* détournant le regard des causes, mais bien un outil à usage révolutionnaire. La joie est le liant de nos interactions, une puissance d’agir, de construire collectivement. En rendant possible le commun, elle devient un acte de résistance.
Sans ce commun, la pensée écologique déraisonne. Alors que les limites planétaires sont dépassées une à une, que peut donc la joie ? Que peuvent quelques corps immergés nageant en cercle sous l’eau, sans vêtement, sans outil, sans parole ? Quelques mouvements frénétiques pour atteindre la surface, prendre une respiration et replonger, en apnée, en apesanteur : Tout autour l’eau, tout autour la vie.
À plusieurs, nus, immergés dans l’eau, se déconstruisent les sophistications de notre culture, se redessinent les rapports immédiats dont la nature est le premier lien, omniprésent, indépassable. Lors de la création d’une image, ce n’est ni la composition, ni l’originalité visuelle ou conceptuelle qui est recherchée. C’est la résonance harmonique des liens et des émotions entre individus entourés par la nature qui compose une esthétique : une éthique de la perception.
La galerie Eva Vautier a le plaisir de présenter Tout autour, l’eau, première exposition personnelle de Benoît Barbagli à la galerie.
Benoît Barbagli a une pratique artistique protéiforme, il tire ses œuvres de la nature. Il se questionne sur l’éthique de l’image et l’empreinte qu’elle laisse. Dans les images de l’artiste, prises le plus souvent en milieu naturel et en collectif, se reflètent le partage et le lien privilégié qu’il entretient avec son environnement. Il collabore depuis 2018 avec le collectif PALAM (du latin « en présence de ») dont il est un des membres fondateurs.
Pour Elodie Antoine, historienne de l’art, « l’œuvre de Benoît Barbagli interroge les possibilités contemporaines d’une écriture photographique à travers la performance. Il nous propose un récit photographique dont le sujet demeure énigmatique.
Qui en est le narrateur ? L’auteur, les performeurs ?
L’artiste semble volontairement brouiller les pistes laissant au regardeur la place que Roland Barthes offra au lecteur – Le lecteur nait de la mort de l’auteur.
Les univers aquatiques mis en scène par Barbagli nous renvoient à des états et des formes primordiales – le liquide amniotique, le cercle, dans lequel viennent se mouvoir et se lover des corps dénudés. Un corps à corps avec la nature, un état ancestral de l’homme dans son lien étroit et privilégié avec les éléments : l’eau, l’air, la terre. Des éléments auxquels ses sculptures viennent se faire l’écho – de la courbe de la montée des eaux à l’expansion de la vie depuis la naissance de l’humanité en passant par les variations des températures terrestres. Les œuvres photographiques et sculpturales de Barbagli questionnent notre être au monde, ses mutations et ses métamorphoses, ses possibles alternatives aussi. »
Dossier de presse à télécharger (PDF) :
Photographies de l’exposition (par François Fernandez, qualité HD):
Photographies des œuvres (web-presse version HD sur demande à [email protected]) :
Le grand Benoid est un programme d’IA construit grâce à un api d’Openia qui permet d’inventer et de décrire en collaboration avec le programme une œuvre d’art.
Il ne suffit d’écrire une série de mots-clés, et de co-signier ta création.
Le programme est encore en Beta.
Recherche mixes en création assistée par réseau de neurones
Instagram account : @mid_fine
Un jeté d’encre d’une falaise sur une toile en contrebas.
La chute de l’encre et l’aspect du sol forment l’empreinte de cette terre verticale qui capte de la montagne son vertige et sa chute, son temps géologique et son espace sans limite.
La réalisation de la toile est aussi prompte que la chute d’une dizaine de mètres que mettent quelques gouttes de charbon mélangées à de l’eau.
Avant d’être une oeuvre, Ecotopia ce sont de nombreuses marches, en solitaire ou avec des amis à travers la montagne. Des nuits passées à habiter la nature, sous les étoiles, réchauffés par un feu de camp.
Des falaises escaladées des heures durant, pour qu’une fois au sommet, en seulement quelques secondes, un jeté d’encre vienne recouvrir une toile en contrebas.
Excepté la toile de lin elle-même, les matériaux qui la composent proviennent de la marche, l’encre est créée au lendemain des nuits passées dehors, avec les cendres concassées du feu de bois, auxquelles s’ajoute une sève servant de liant.
La montagne fertile donne naissance au substrat qui se dépose sur la toile, le bois qui grandit sur celle-ci devient charbon, puis encre.
Vue du high camp du Thorong Pass 5000m
La première marche d’Ecotopia et non des moindres, à eu lieu en 2016 au Népal, lors d’une marche solitaire autour de la chaîne d’Annapurna, le second massif de l’Himalaya.
Après plusieurs jours de préparation dans la ville de Phokara, je finis par trouver les éléments nécessaires à la création de la toile en haut du Thorong Pass : La toile de lin elle-même, un mortier, un tamis pour concasser le charbon et bien sûr l’équipement nécessaire à un trek en haute montagne.
15 jours de marches au coeur des montagnes, les toiles dans le sac, le soir chauffé feu de bois, le lendemain matin nous concassions* (tu parles d’une marche solitaire mais là tu parles au pluriel) le charbon pour en faire de l’encre.
Mille falaises, cascades, rencontres eurent lieu durant cette marche, ceci fait (?) sera compté dans un autre livre.
Au dixième jour, j’arrivais aux basecamps du Thorong pass, à 4500m. 1000 mètres me séparaient encore du pass à 5500m, la journée devait être de 8 heures de marche, avec environ 50% d’oxygène, chaque pas était une épreuve et une jouissance à la fois.
Pour rajouter de la difficulté à cette marche éprouvante, cette drôle d’idée d’escalader le point le plus haut (?) que je trouvais pour y jeter ce charbon mélangé à un peu d’eau.
Le groupe d’amis que j’ai rejoint deux trois jours au paravent ne pouvait m’attendre, peur d’arriver pendant la nuit, ou d’être bloqué au sommet.
Je portais avec moi depuis déjà 10 jours cette toile et des bocaux de charbon en poudre, je ne pouvais abandonner ici.
Légèrement au-dessus du High camp aux alentours de 5000m, après déjà 2 longues heures de marche, je vis une falaise qui surplombait l’ensemble de la vallée.
La toile déposée sous la falaise, j’escalade comme je peux ce grand rocher. Quelques flocons de neige commencent à tomber, les premiers depuis le début du trek, la montagne tente-t-elle de parler ?
Annapurna est pour les Népalais la demeure de Shiva. Il m’a souvent plu de penser que ces toiles capturaient quelques fragments de Shiva elle-même.
En équilibre dans le vide, seul à des kilomètres à la ronde, non sans difficulté je réussis à jeter cette encre.
Il y a souvent dans mon ressenti un « tout ça pour ça ». Voici une tache d’encre que j’aurais pu faire dans mon salon à 10000 kilomètres d’ici.
Mais c’est autre chose que de simple tache dans un ordre assemblée que contient cette toile. C’est même davantage que mon voyage, ma marche, mon escalade, ma performance, c’est autre chose que mes singularités propres, ma sensibilité et mon style. C’est autre chose que moi.
Je suis un simple prétexte, le sherpa de la montagne, qui lui a apporté sa toile et son encre pour qu’elle puisse se dessiner toute seule, nous raconter tout cela au travers de son dessin.
Je replie délicatement les toiles, et continue le voyage sous la neige.
*Fréquemment sur le chemin je rencontrais des voyageurs, qui réalisée la même ascension que moi, ce matin là j’étais avec Léa
Ecotopia a continué en France au travers de l’escalade de montagnes du massif du Mercantour et dans les pré-Alpes du sud, non moins périlleuses.
Vision du sublime chez Kant, la montagne excède la capacité de l’esprit humain à la penser, à la représenter. C’est ainsi que le geste de l’artiste disparaît pour laisser les singularités formelles de celle-ci s’exprimer.
Dans un élan zen méditatif, elle rappelle la démarche des calligraphes qui cherchent dans leur geste le sentiment de vacuité.
Conquête performative d’un sommet, les toiles d’Ecotopia deviennent une synthèse forte entre la marche en nature, l’escalade des falaises et la montagne elle-même.
Il y a beaucoup de lieux parmi ces montagnes que je nome Ateliers, non pour les considérer comme des lieux où l’artiste maitrise le processus de production de ses oeuvres, mais bien davantage comme lieux où la montagne travaille, fait oeuvre jour après jours. Moi-même je ne fais que passer, revenir, y vivre quelques jours.
À nouveau « je » suis un prétexte, un outil que la nature utilise comme bon lui semble pour produire ses oeuvres.
Au bout des montagnes, la mer, en 2019 Ecotopia cherche toujours à faire parler la nature à sa place, et continue par explorer les rives rocheuses, lisière entre terre et mer. D’un geste similaire à celui de la montagne, un jeté d’encre d’un point en aplomb sur une toile déposée sur la rive s’écoule et prend l’empreinte de celle-ci.
La mer à son tour qui vient au rythme des vagues participes au dessin de la rive, le recouvre, le dilue, le violente parfois, la toile devient cette collaboration en la terre et la mer.
Dans chaque toile, il ne reste de l’artiste que son corps marchant, pénétrée par la nature l’environnant. La toile est en quelque sorte son retrait, sa disparition. Ces choix semblent importants, telle ou telle montagne, telle ou telle rives, mais ils ne sont rien. C’est la montagne, le rivage et la mer qui dessine, les artistes se retirent de l’avant poste de leurs oeuvres, ne participant, tout comme le regardeur, qu’en ce qu’ils se reconnaissent en la nature.
Paréidolie, coïncidence, les premières de ces toiles laissent inexorablement apparaitre le dessin d’une vague.
Si la technique peut justement faire penser au dripping, jeté d’encre sur une toile, elle se différencie, voir s’oppose quant à ce que l’oeuvre capte.
Alors que le drippings capte l’énergie de l’auteur, son dynamisme, sa présence, Ecotopia est davantage un retrait, pour laisser place à l’environnement. Si des traces de geste apparaissent, elles ne sont que résiduelles.
L’art moderne, a amené jusqu’à son paroxysme l’avènement de l’individu, ces qualités propres, sa différence, son ego. Même le Land Art des années 70 ne fait pas exception, l’homme dans la nature, l’homme qui sculpte la nature.
L’individu c’est ce que nous tentons de dépasser, et notre stratégie c’est la nature. Ce que fait Ecotopia, c’est considérer le corps agissant non plus comme un individu ayant ces singularités et mode d’expressions propres, mais comme partie d’un ensemble, les corps sont dans un environnement naturel, ils deviennent partie intégrante de celui-ci.
Le second défi de ce dépassement, c’est le collectif, l’écologie sans le collectif achoppe. C’est ce vers quoi se tourne Ecotopia, et ce qu’il va tenter de construire à présent.
Exposition du 26.11.2022 au 14.01.2023
Vernissage le vendredi 25 Novembre à 18h à la Galerie Eva Vautier
Plus l’effondrement frappera fort, plus la joie sera nécessaire.
Ne vois pas dans ces mots, un Don’t look up* détournant le regard des causes, mais bien un outil à usage révolutionnaire. La joie est le liant de nos interactions, une puissance d’agir, de construire collectivement. En rendant possible le commun, elle devient un acte de résistance.
Sans ce commun, la pensée écologique déraisonne. Alors que les limites planétaires sont dépassées une à une, que peut donc la joie ? Que peuvent quelques corps immergé nageant en cercle sous l’eau, sans vêtement, sans outil, sans parole ? Quelques mouvements frénétiques pour atteindre la surface, prendre une respiration et replonger, en apnée, en apesanteur : Tout autour l’eau, tout autour la vie.
À plusieurs, nus, immergés dans l’eau, se déconstruisent les sophistications de notre culture, se redessinent les rapports immédiats dont la nature est le premier lien, omniprésent, indépassable. Lors de la création d’une image, ce n’est ni la composition, ni l’originalité visuelle ou conceptuelle qui est recherchée. C’est la résonance harmonique des liens et des émotions entre individus entourés par la nature qui compose une esthétique : une éthique de la perception.
Lire le manifeste en entier en ligne – ou acheter le livret (disponible à la galerie Eva Vautier)
Dans le cadre du festival Ovni, à l’étage de la Galerie sont projetés le film Immersion qui raconte la genèse des photographies de l’exposition, ainsi qu’une série de vidéos créée par les artistes :
Mona Barbagli, Tristan Blumel, Evan Bourgeau, Aimée Fleury, Camille Franch-Guerra et Justine Leroy.
La galerie Eva Vautier a le plaisir de présenter Tout autour, l’eau, première exposition personnelle de Benoît Barbagli à la galerie.
Benoît Barbagli a une pratique artistique protéiforme, il tire ses œuvres de la nature. Il se questionne sur l’éthique de l’image et l’empreinte qu’elle laisse. Dans les images de l’artiste, prises le plus souvent en milieu naturel et en collectif, se reflètent le partage et le lien privilégié qu’il entretient avec son environnement. Il collabore depuis 2018 avec le collectif PALAM (du latin « en présence de ») dont il est un des membres fondateurs.
Pour Elodie Antoine, historienne de l’art, « l’œuvre de Benoît Barbagli interroge les possibilités contemporaines d’une écriture photographique à travers la performance. Il nous propose un récit photographique dont le sujet demeure énigmatique.
Qui en est le narrateur ? L’auteur, les performeurs ?
L’artiste semble volontairement brouiller les pistes laissant au regardeur la place que Roland Barthes offra au lecteur – Le lecteur nait de la mort de l’auteur.
Les univers aquatiques mis en scène par Barbagli nous renvoient à des états et des formes primordiales – le liquide amniotique, le cercle, dans lequel viennent se mouvoir et se lover des corps dénudés. Un corps à corps avec la nature, un état ancestral de l’homme dans son lien étroit et privilégié avec les éléments : l’eau, l’air, la terre. Des éléments auxquels ses sculptures viennent se faire l’écho – de la courbe de la montée des eaux à l’expansion de la vie depuis la naissance de l’humanité en passant par les variations des températures terrestres. Les œuvres photographiques et sculpturales de Barbagli questionnent notre être au monde, ses mutations et ses métamorphoses, ses possibles alternatives aussi. »
Exposition collective avec :
Benoit Barbagli, Frédéric Bauchet, Ben, Marc Chevalier, Nina Childress, Gregory Forstner, Camille Franch-Guerra, Anita Gauran, Nathalie Gilles, Amon Ezra Kaiser, Natacha Lesueur, Ingrid Luche, Marie Noury, Gérald Panighi, Bruno Pélassy, Hugues Reip, Takako Saito, Alain Séchas, Unglee, Annie Vautier et Agnès Vitani.
Une exposition proposée dans le cadre de la 5ème Biennale des Arts de Nice coordonnée par Jean-Jacques Aillagon.
« Un gros rosier se dressait près de l’entrée du jardin. Les fleurs qu’il portait étaient blanches mais il y avait trois jardiniers qui s’activaient à les peindre en rouge. Alice trouva cela très étrange… »
Lewis Caroll, « Alice au Pays des merveilles », (1869)
C’est à la découverte d’un jardin extraordinaire que nous convie la galerie Eva Vautier. Invités par les commissaires (Natacha Lesueur, Eva Vautier et Agnès Vitani), cet été vingt artistes nous offrent des fleurs, revisitant un thème pour le moins classique en usant de procédés extrêmement divers.
Fleurs luxuriantes ou fragiles, décoratives ou essentielles, avalanche de pétales, étouffant mimosa… Qu’elles soient réalistes ou détournées, leurs fleurs disent tout ce que savent dire les fleurs.
En 2022, la Ville de Nice programme sa cinquième Biennale des arts sur le thème des fleurs. Après Un Eté pour Matisse (2013),Promenade(S) des Anglais (2015), Ecole(S) de Nice (2017), et L’Odyssée du Cinéma (2019), cette cinquième édition – initialement prévue en 2021 et reportée à 2022 à cause de la crise sanitaire – célébrera le lien profondément enraciné, presque mythologique, unissant la ville de Nice, ville verte de la Méditerranée, et les fleurs.
Voulue par Christian Estrosi, Maire de Nice, et coordonnée, depuis 2013, par Jean-Jacques Aillagon, la Biennale des arts est un rendez-vous culturel bien inscrit dans la saison niçoise. Cette année encore, elle viendra illustrer l’exceptionnelle vitalité culturelle et artistique de Nice, qui aspire à devenir, en 2028, capitale européenne de la culture.
Lien vers les photographies officiel de l’exposition :
(pour la presse papier, des photographies en haute définition peuvent être demandée à l’adresse [email protected] )